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Corps et Mémoire- Dr Pierre DECOURT

 

Dr Pierre DECOURT

Psychiatre psychanalyste

Montpellier

 

Introduction

Je ne vous ferai pas part de mes  hésitations à partir du thème «  le corps dans la cure  ». Elles témoignent d’une assez grande difficulté à aborder le problème dans son ensemble mais aussi de la difficulté à choisir un axe de travail plutôt qu’un autre  ; corps érotique, corps dans son rapport avec la construction de l’identité dont il est le garant, corps de langage et d’échange  ; corps du rêve mais aussi,  lieu de souffrance et  de mémoire  ; c’est à ce dernier point que je vais m’attacher plus particulièrement pour terminer en faisant une brève remarque à propos du rêve.

Le corps dans la cure  ; une place singulière

Il n’y pas d’analyse sans qu’un à moment ou à un autre le corps ne figure. Sous forme de rêve, symptôme, somatisation, ou par la mise en jeu de la motricité qui soutiendra un acte  ; bref les modalités d’expression du corps sont pratiquement infinies  ; ainsi les «  voies d’entrée  » du corps dans la cadre de la cure sont nombreuses  ;

Mais de quoi parle t’on dans la théorie psychanalytique lorsqu’on, évoque la  place du corps  ?

De quel corps s’agit il  ? s ‘agit il du

Corps biologique dont le fonctionnement est celui d’une machine d’une infinie complexité qui n’en fini pas chaque jour de livrer quelques-uns de ses mystères  ?

Du corps érotique qui grâce à l’activité auto-érotique centrée sur les zones érogènes procèdent à la constitution du corps imaginaire dont les contours dessinent l’image que nous faisons de nous même  et dont l’investissement  assure une fragile différenciation entre l’ intériorité et le monde du dehors. il définit deux espaces il est à l’interface de deux univers

S’agit il de ce  corps en mouvement dont les manifestations gestuelles et comportementales sont porteuses d’un message en quête de sens.

Le corps comme langage

 Une première différenciation s’impose selon que la mise en jeu du corps s’adresse à un autre ou non  ; avant d’y venir et Pour éviter bien des malentendus j’essayerai de définir quels sont leurs fondements épistémologiques propres à chacune des catégories citées. Si On a pu penser un temps qu’il y a une coupure radicale entre le corps biologique et le corps fantasmatique, Les psychosomaticiens aujourd’hui auraient une position plus nuancée. Ce qui définit le corps en psychanalyse c’est le rapport entre l’inconscient et l’image du corps et son fonctionnement.

C’est ce que je vais essayer de montrer. Fidèle à la démarche freudienne, c’est donc à partir de certains dysfonctionnements tels qu’ils peuvent surgir dans la cure que  je proposerai une définition de ces formes différentes et formulerai quelques hypothèses.

Le dispositif analytique

Pourtant, on pourrait penser que le dispositif analytique n’est pas le modèle le plus pertinent pour observer et traiter les manifestations corporelles dans leur polymorphisme. Car le dispositif  analytique repose sur une mise en suspens artificielle du corps, de la motricité. La position allongée impose assez violemment  un  retrait sensori- moteur, qui vise à valoriser le champ de la parole conféré par cette injonction fameuse, au détriment de la sensorialité et de la motricité, c’est à dire au détriment de ce qui pourrait être éprouvé ou mis en acte  !

 «  Vous devez dire tout ce qui vous vient  à l’esprit  !» Ainsi peut s’annoncer la règle fondamentale  porteuse d’une double ambiguïté [1]qui aura pour effet d’ instituer le processus analytique  car elle engage de manière brutale une dissymétrie non seulement entre les protagonistes mais également entre le processus  (liberté d’associer) et la technique (cadre). 

1°parler est aussi un acte qui nécessite la mise en jeu de la motricité

2° La règle est intrinsèquement  porteuse  valence séductrice (dites moi tout…) et interdictrice, surmoique ( vous devez…)(J.LDonnet).

une double clôture de l’espace psychique  ;clôture au niveau du pole perceptif qui supprime le informations du  monde extérieur, la perception. Clôture au niveau du pole moteur qui interdit la motricité, l’action .[2]

Ce que vise le dispositif analytique dont la règle fondamentale est le moteur c’est la valorisation du pensé, du représentatif, véhiculé par le dire, au détriment du geste. Celui ci, dont le surgissement est toujours possible, sera indexé d’une valeur plus ou moins péjorative lorsque la mise en jeu de la motricité prend la valeur d’un acting, court-circuitant l’élaboration des tensions mises survenues  au sein du processus analytique. Assez classiquement on considère qu’il vient alors à la place d’une parole qui n’a pu être dite, ou n’a pu être entendue.

Pourtant dans la cure, on assiste à une

une omniprésence du corps

1°c’est une banalité de dire que le corps est un  lieu d’expression de la souffrance psychique. IL joue un rôle de médiateur, entre les tensions intra psychique et la motricité dont la fonction cathartique a une vertu libératrice.

2° Il est un lieu privilégié de mémoire,( primo levi) à ce titre il est porteur d’une histoire, celle de chacun.. De ce fait il participe  à la construction de l’identité et à son maintien. L’ importance de la sensorialité, bruits odeurs , mouvements contribuent à la résurgence d’expériences émotionnelles enfouies.

3° Certaines expériences psychiques que l’on qualifie aujourd ‘hui de «limites  »seront examinées. L’accent sera alors mis sur la difficulté pour le sujet  à garder une trace  de cette expérience, elle ne peut s’inscrire dans un souvenir. Ainsi  quelque chose de l’histoire individuelle n’a pu se construire et tisser une trame constitutive d’un passé  ; le passé est amputé. L’identité se trouve affectée, fragmentée  ; la trace de l’événement paraît définitivement dissoute, absente du monde des représentations, parfois perdue à jamais. Parfois Paradoxalement, elle est de manière insidieuse présente, trop présente, bruyante responsable d’une clinique bien spécifique. Le champ d’expression de la symptomatologie défini est particulier. Y prédominent la violence, le potentiel aux agirs destructeurs, les troubles identitaires, la dépression narcissique  la déréalisation, le morcellement.

Vous l’aurez compris nous évoluerons dans l’univers où dominent  les troubles de la symbolisation ; face à ces configurations cliniques bien particulières , j’ e dirai quelques mots concernant les problèmes techniques posés.

 

 le corps comme messager

Une première conception conversive du symptôme somatique  ;

-la psychopathologie de la vie quotidienne personnelle

Le symptôme s’avère être une des modalités d’expression d’une problématique intra-psychique dont l’expression est porteuse d’un sens à découvrir.

Exemple 

         -le  modèle hystérique est une amplification de ces petits phénomènes dont nous faisons régulièrement l’expérience .Il illustre le phénomène de la conversion qualifié par Freud de saut dans le soma. Le symptôme infini dans ses formes est l’expression somatique d’un conflit psychique. ce qui est profondément nouveau dans la compréhension de l’économie symptôme convertionnelle c’est son caractère sexuel, c’est  à dire transressif. En s’opposant  aux interdits personnels ou  culturels le désir emprunte une autre voie d’expression. Le refoulement fait  disparaître la représentation interdite de la sphère psychique. Elle disparaît mais pour faire retour, surgir dans le corps sous des formes extrêmement variées et emprunte des voies d’expression qui réactivent certaines zones corporelles objet d ‘investissements anterieurs.

 L’enthousiasme de ce pionnier qu’était Freud lui a laissé croire un temps que  l’ interprétation du sens de cette manifestation détournée, la ferait disparaître. Malheureusement cela ne marche pas toujours et  la révélation du désir sous- jacent et le mécanisme défensif qui à engendré l’apparition d’un symptôme à caractère somatique, ne remédiera pas toujours à cette erreur d’aiguillage. en effet d’autres processus en cours peuvent contribuer à la fixation des symptômes incriminés.

Mais et c’est cela le plus important, l’interprétation  permettra la réinscription du conflit dans le courant de ses pensées associatives, dans la chaîne symbolique un temps rompu  ! Ce qui est intéressant, c’est d’observer que  le symptôme à expression somatique constitue un maillon d’une chaîne langagière qui un temps aurait perdu sa logique discursive et signifiante. Il traduit la faillite des processus langagiers débordés par le trop d’excitation liée au contenu sexuel de la représentation. Il y a eu un simplement glissement d’un registre à un autre  ;Freud parle de  «  conversion symbolisante.  » Si ce n’était la connotation eschatologique on pourrait dire que le mot ou plutôt le conflit s’est fait chaire  ! Le corps parle un langage qui lui est propre dont l’expression suppose un certain déchiffrage, et dont la réversibilité est alors fonction de l’habileté de l’analyste à en saisir la mélodie et à en transmettre le contenu. il restitue à la conscience une représentation qu’elle avait récusée.

On constate que l’expression symptomatique du conflit psychique emprunte un autre mode d’expression, mais le plus important est de comprendre que cette expression s’adresse à un interlocuteur,  investi d’une place particulière. Cet interlocuteur peut être son voisin, ou plus vraisemblablement une représentation intériorisée d’une imago parentale

Le corps est un messager, il est le lieu ou se dépose le conflit et il en véhicule un sens àretrouver. le corps est porteur d’une trace, dont il garde la mémoire. C’est celle d’une représentation au contenu sexuel  toujours susceptible de retrouver son potentiel traumatogene lorsque elle est réactivée.

Exemple d’interprétation toux de Dora

 Séparation et troubles digestifs ( analyse MA)

Le corps comme médiateur et enjeu de la relation à l’autre

B ° Corps désincarné

Corps et psychose

Un bref rappel concernant le profondes transformations que le sujet éprouve et transmet dans certaines expériences  psychotiques

 j’ y ferai une courte allusion pour centrer mon propos sur d’autres formes d’altération du vécu corporel tel certaines expériences traumatiques précoces les engendrent.

Le morcellement psychotique paradoxalement se présente comme une lutte contre l’effondrement  : se diviser pour survivre  ! le sujet maintien des liens chaotiques avec les parties morcelées de lui-même. Les troubles de la représentation du corps révèlent l’importance des troubles de la représentation de  soi  ; projetées dans l’autre, elles constituent une tentative de maintenir un lien avec l’objet. C’est la fonction de l’identification projective

la clinique des situations limites’Ferenczi Roussillon

je souhaite maintenant insister sur certains configurations cliniques ou le corps est le  lieu ultime d’expression de la souffrance, d’ une souffrance psychique indicible. Le sentiment prédomine qu’au cours de ces états le sujet se retire de lui-même  ; il déshabite  son corps pour survivre, cela se traduit par un  déni d’appartenance, agonie, chaos) . Le sujet n’habite plus son corps .s’il l’habite encore il ne peut ni le reconnaître, ni l’aimer. Pire encore le martyriser, le faire souffrir, nourrit étrangement et paradoxalement de fugaces sensations d’appartenance, d’existence au prix d’une douleur singulière.

Cette souffrance traduit  une profonde distorsion dans  le rapport que le sujet entretiendra avec son propre corps  ;. Simple machine désinvestie, réduite à une fonctionnalité chaotique.

Le monde de la paradoxalité ses conséquences transférentielles

Exemples

1° clinique

A°»je m’auto mutile dira une jeune fille, car c’est pour moi une transformation possible  ; transformation poursuit elle d’une douleur morale en une douleur physique  !  » Plus supportable s’entend.

le transfert paradoxal

         B° «il n’y plus rien à dire  »répétera un patient sans envisager en aucune manière la séparation, l’interruption de l’analyse

Description

2° quelles sont les caractéristiques des relations transférentielles :mémoire et temps l’authenticité des affects Séparation traumatisme temps

Ricoeur ‘temps et recit ‘cite Saint augustin

P27 «qu’est ce se souvenir  ?C’est avoir une image du passé  ;Comment est ce possible  ?parce que cette image est une empreinte laissée par les événements et qui reste fixée dans l’esprit  .

 D’ailleurs quand on raconte des choses vraies mais passées, c’est de la mémoire qu’on tire, non les choses elles mêmes, qui ont passées, mais les mots conçus à partir des images qu’elles sont gravées dans l’esprit, comme des empreintes, en passant par les sens  »

Le présent du passé c’est la mémoire

Quelle structure de l’image qui vaut tantôt comme empreinte du passé, tantôt

comme signe du futur  ?Image empreinte, image signe «  p 29  »

Le travail de retrospectionP36

L’introduction du sentir

Qu’est ce que retenir ce qui a cessé.. Le présent du passé

Une action qui ravive  la mémoire  :le corps/ dynamisation progressive/Le transit des événements à travers le présent( temporalisation de l’experience/hiérarchisation intérieure de l’expérience)

Ricoeur /il existe une corrélation entre l’activité de raconter une histoire et  le caractère temporel de l’expérience humaine qui n’est pas purement accidentelle, mais présente une forme de nécessité transculturelle p85

La médiation symbolique de l’action diffère selon ricoeur de celui ce mouvement physique p88

Une relation d’intersignification

P92

Médiation symbolique de l’action  ; la configuration empirique du geste et son pouvoir signifiant (lever le bras), porteur d’un sens figuré, que l’on peut tenir comme inducteur de récit( mobiliser dans le présent l’ expérience héritée du passé)

historialiser

3°Deux registres psychopathologiques doivent être explorés même si les expressions symptomatiques se recoupent  ;

C’est le registre du trop de l’excès, (Violence, traumatisme  ),

C’ est le registre du manque, de l’absence (défaut d’investissement  ; les carences auto érotiques.)

sans nous étendre sur les conditions trop fréquemment rencontrées dans la clinique, nous mettrons l’accent sur certaines spécificités en rapport avec ces expériences globalement traumatiques la question est comment le processus analytique peut il permettre de Penser, habiter son corps, caractérisation de la relation les inscrire dans une histoire transmissible, communicable alors prédominent dans ces configurations de très graves desordres des fonctions symboliques. il peut être porteur d’un lourd passé transmis, d’une mémoire inaccessible, corps auquel manqueraient les outils qui permettraient de transmettre l’histoire de ses souffrances, de ses plaisirs qui ont permis son développement.

A la recherche  l’éprouvé  : la lutte contre le vide

 

rupture de asymbolisations quelles traces, quelle temporalité

Penser, habiter son corps, caractérisation de la relation. Le passage d’un corps sensoriel à un corps relationnel avec soi même et autrui

le corps comme machine

Le symptôme corporel est double entrée

mais Le corps soufrant peut être l’expression de tout autre chose, somatoses , troubles psychosomatiques expression d’un mode particulier de dysfonctionnement mais être l’expression de profondes carences  dont l a pathologie actuelle révèle la complexité  (les pathologies limites ) decrire  la carence des representation  ‘preconscient)

exemples

Le symptôme n’est un enjeu ou un médiateur (auto-érotisme, masochisme, auto mutilation a décrire la transformation d’une souffrance psychique en une souffrance corporelle)

la révélation d’un manque dans l’activité auto-érotique, la répétition comme tentative de reconstruire une image corporelle non finie

pour comprendre les modalités de fonctionnement de ce type de symptomatologie rappel de la construction de la représentation de soi dans ses rapports avec la construction et le maintien de l’identité

le passage du perceptif au représentatif

perception, figuration, représentation

la transformation d’une zone sensorielle en une zone érogène

la mise en jeu de toutes les fonctions perceptivo-motrices  ; regard, toucher, odeur, bruits, une symphonie de tous les organes sensoriels orientés vers la découverte l’exploration et la connaissance et re-connaissance de l’image de soi. un auto engendrement par la mise en jeu de l’activité sensorielle qui deviendra auto erotique

Spécularité et double

Le rôle des auto érotismes dans la construction d’une image de soi(succion/ auto conservation et libido)

 

Technique/Le contre transfert

Le partage d ‘un éprouvé commun

Expérience de l’authenticité

/retrouver ou trouver

historisation de l’expérience  ; renouer avec la «  passeité  » Ricoeur p454 redonner une fonctionnalité à la mémoire amputée (représentation substitutive)

C° le corps du rêve

Complément metapsychologique à la doctrine du rêve*

la capacité diagnostique (cf r madame F)  «  généralement reconnue et tenue pour énigmatique  »les souffrances corporelles sont souvent ressenties plus tôt et plus nettement que pendant la veille ‘p 246) et surviennent agrandies jusque au gigantisme  /Cet agrandissement est de nature hypochondriaque.

Le rêve est une projection du corps, d’un processus interne

La définition des trois formes de régression p250

Différence entre rêve et schizophrénie ( à discuter avec le dernier texte de l’ abrégé  ; le rêve est une psychose)

Le moi defini comme fondé sur une operationpsychiqu eréele consistant en une «  projection  » de l’organisme sur le psychisme.VOCB P        253

 REVE

Complément metapsychologique à la doctrine du rêve*

IMAGE MOTRICE  ? MOUVEMNT SYMBOLOSATION

Le souvenir primaire d’une perception est toujours une hallucination

Rendre figurable un evenment oublié dont le corps sera le vecteur et le porteur

le role du transfert dans ce retour sur d’une scene oubliée

le role du reve  : modification de la theorie du reve

Pourquoi est ele oubliée deux raisons



[1] La confrontation avec cette double ambiguïté est porteuse d’un potentiel traumatique susceptible de renvoyer le sujet à des expériences déréalisantes. On comprendra la restriction qui s’impose alors face à certaines demandes d’analyse.

[2] A.Green .De l’esquisse à l’interprétation des rêves  .in l’espace du Rêve  N.R.P.n,5 Gallimard .Printemps 1972

 

 
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