L'empathie et la transcendance Pr Félix Perez Maître de conférences en philosophie Université Paris 7 Introduction Je ne vais pas m'interroger sur le Sens de l'empathie, je l'entends comme Le partage d'un sentiment d'autrui....Le terme en français est récent 1960... Auparavant il y avait la sympathie terme qui lui-même est récent du XVIIIe siècle je crois, il désignait chez les Grecs des relations entre organes. Je vais prendre les pleurs comme Exemple d'empathie, Ce n'est pas très académique, Mais les pleurs pour autrui remontent vers l'empathie... Le terme d'empathie Traduction de Einfulhung je l'ai rencontré avec Sigmund Freud et Edmond Husserl.... Avec Freud, (Lui-même l'a découvert avec Théodore Lipps), il désigne Une façon de connaître son patient, Celle de la Psychanalyse. Avec Husserl, Einfulhung C'est l'intropathie, c'est L'Expérience que je fais d'autrui comme premier objet, Expérience à laquelle je ne m'intéresse en réalité que parce qu'il me donne les Conditions Pour constituer un monde objectif. Je fais d'autrui une expérience qui N'est pas en original, je ne peux authentifier autrui, Je ne peux vivre ce qu'il vit, Mais il est la condition De compréhension du monde qui se donne à nous. C'est ce qui intéresse Husserl La phénoménologie Approchera des sentiments, Des émotions, de L'empathie de façon neutre, Toujours théorique, Comme si tout accès À la réalité par un témoignage Émotionnel Était refusé. De façon sèche : on pourrait dire de façon dénuée d'empathie... La méfiance à l'égard D'une approche Émotionnelle est l'aboutissement d'une longue histoire Dont la philosophie porte les traces... Je voudrais montrer qu' une approche dénuée d'empathie Correspond à une crise plus ancienne et plus profonde que celle que l'on peut rencontrer dans la modernité. Je voudrais le faire D'abord Avec le texte que j'aborde De Platon Comme un témoignage de ce manque, Ensuite en évoquant brièvement l'histoire Du sujet De la connaissance dans la philosophie occidentale Qui prolonge Ce texte, pour dévoiler un sujet occidental qui cherche à être libre grâce à la raison ou à la lucidité, En dehors de l'empathie et, Enfin Montrer que les notions de visage et de substitution avec Levinas S'ouvrent Avant la raison, à partir d'une transcendance et permettent peut-être d' approcher l'empathie autrement. Texte de Platon Je commence par un texte de Platon Dans le Phédon 117 b 117e, C'est la dernière page du livre.... Je dis quelques mots sur le contexte Ce livre est le récit de la mort De Socrate par Phédon, ses amis Parmi lesquels Phédon vont lui rendre visite Dans sa prison Le jour de sa mort, De quoi parlent-ils ce jour-là ? de la mort... Lecture du texte je lis le texte :Socrate dit : « Je suppose qu'il est permis de faire aux dieux Une prière pour que le sort soit favorable à ce changement de séjour, d' ici vers là-bas, Telle est donc ma prière et puisse-t-il en être ainsi !À peine avait-il dit ces mots qu'il porta la coupe à ses lèvres et tout tranquillement, tout facilement, il la vida... Dans cet ouvrage il y a trois discours de la mort : l'un scientifique :La mort est un simple processus d’éléments qui se décomposent après s'être composés Comme des Atomes qui se dissocient après s'être associés, Cela parle du corps et non de l'âme, Ce n'est pas la mort Pour Socrate mais C'est la mort clinique. Un deuxième discours Qui est tragique. La situation elle-même est Tragique : Socrate a décidé de Rester Et de ne pas fuir après le procès pour subir la peine qui lui a été Infligé. Mort révoltante, scandaleuse, injuste. Deux Chefs d'accusation injustes: Athéisme et corruption de la jeunesse....Athée, Il ne l'est pas, Il est animé par un dieu que les autres ne connaissent pas, Tantôt un démon qui lui parle, Tantôt une raison qui le soumet...Corrompre la jeunesse...C'est le nom qu'on donne à La forme d'interrogation dialectique qu'il pratique avec tout le monde dans les Gymnases. Dans ce deuxième discours, La mort est approchée Dans le texte de Platon par Le pathétique des pleurs de ceux qui regrettent Déjà Socrate, elle est évacuée Concrètement, Socrate fait sortir sa femme et menace son ami Apollodore D'être expulsé également... Troisième discours : celui du mythe, la mort narrative : D'où provient-t-il ? On peut avoir peur De la mort, se révolter, Chercher à Connaître et à expliquer La mort et même croire. On peut croire qu'après la mort il y a quelque chose, Que seul le corps disparaît,....C'est surtout de ce troisième discours qu'il est question dans le Phédon mais Aucun des discours ne parle de la mort, Il s'agit plutôt de nous dire Comment Il faut penser L’âme... En fait l'âme n'est pas abordée non plus... C'est à l'âme que s'applique le concept d'Immortalité.... L'âme est le support De ce qui est immortel : Il Est question des formes intelligibles...qui sont immortelles, Nous sommes déjà dans la théorie. On comprend alors que vivre Uni au corps est une maladie, seule la philosophie nous en éloigne en rejoignant des formes intelligibles.... L'œil impassible Il est question du deuxième discours Dans ce texte où Le pathétique de la mort est évacué Par Socrate Il faut réduire l'émotion....Si l'on en parle ici, c'est qu'il n'y va pas seulement de Socrate et Il n'est pas question seulement de l'émotion. Il est question du narrateur Phédon, De ses amis, Et du fait que Socrate n'est presque plus qu'à moitié là, il est déjà ouvert à sa propre mort, seuls les autres sont encore là... Il y a comme un impératif Pour Socrate. Il faut saisir La mort par les idées et non par les larmes : Socrate s'accomplit dans sa plénitude, dans son être seulement lorsque il est débarrassé du voile du corps... Il Demande à Criton de ne pas dire que le cadavre de Socrate Est Socrate...115 e Pourquoi ? parce que ce n'est pas le juste ton, ce n'est pas la juste mesure.... Pourquoi également ? Parce que « cela fait du mal aux âmes » 115e... Parler de la décomposition De notre être Fait du mal aux âmes... Les paroles ne sont pas en l'air...les paroles sont déjà de l'intelligible...Nous sommes déjà dans Du désincarné, un discours rationnel théorique Même s'il est question de croyance... Un autre exemple De fausse note qui Nous intéresse dans notre texte Sur les larmes de Apollodore et de Phédon : « Si j'ai renvoyé les femmes c'est surtout pour éviter semblable fausse note Car j'ai entendu dire qu'il faut mourir Avec des paroles De bonne augure » Les pleurs sont en trop Pour Socrate, Il faut répondre à la mort dans le juste ton... Il faut une âme avec un œil impassible, Des yeux sans larmes, ni pathétique Émotionnel ni décomposition, car il s'agit du corps et non de l'âme, De l'apparence et non de l'être.... L'Histoire de la philosophie de l' œil impassible Prenons Quelques exemples Dans l'histoire de la philosophie Qui viennent confirmer La nécessité d'un œil impassible, de yeux sans larmes Du philosophe Pour Spinoza, « La compassion…est une tristesse; par suite, elle est mauvaise par elle-même ».Pourquoi parce qu'elle n'est pas commandée par la raison, et que Le conatus, (concept de la force d'exister De chaque être) Rencontre la joie dans la compréhension rationnelle. Pour Kant, La relation du sentiment Pour l'autre, c'est le Respect. Une personne suscite le respect Parce qu'à partir de sa raison elle a réussi à soumettre ses pulsions, Avec Kant je respecte la raison en l'autre. Schopenhauer fait exception, il n'accorde aucune importance À la raison de Kant ni aux existences individuelles. Les Individus se reconnaissent comme illusoires, «vide » absolu . Leur seule réalité peut être trouvée dans la pitié. Par la pitié ils rejoignent une volonté, un vouloir vivre qui dépasse les individus, Mais c'est un vouloir vivre du monde, Cosmique, théorique. Nietzsche Réagira contre cette désindividualisation de la volonté De Schopenhauer Dans le vouloir vivre du monde.... La compassion Selon lui est un ressentiment contre La Force de l'individu. La pitié redevient une dégénérescence, une déperdition de la force, De la puissance de la volonté.... Ainsi Dans toute la philosophie Depuis Socrate on ne pleure pas, ou On pleure peu... La pitié, le sentiment sont perte.. (Si Pascal pleure, C’est Comme croyant : « Joie, joie pleurs de joie je m'en suis séparé ») Lorsque la phénoménologie utilisera le terme d'empathie Avec Husserl, Ce sera une description Des plus neutres et des plus sèches De l'expérience d'autrui....On approche Autrui comme une chose, Jusqu'à ce qu'il se Révèle qu'il n'en est pas une... Elle nous permet cependant de distinguer L'empathie de la contagion affective, de ne pas imaginer ressentir ce que ressent L'autre, De quitter une mythologie de la transparence d'autrui. Heidegger Introduit L'existence derrière la vision Théorique de Husserl .Pourquoi ? Pour dire que Le rapport émotionnel se produit, s'effectue, se concrétise dans l'angoisse de ma mort, dans l'affrontement avec le néant. Il pense bien à autrui, Envers qui il faut être Plein d’égards, Mais celui-ci devient vite Un obstacle à l'authenticité... Je réalise mon être le plus propre Dans l'angoisse de ma propre mort, dans La lucidité De l'intervalle qui me sépare du néant...Autrui passe aux pertes et profits...Être dénué d'empathie N'est qu'une conséquence D'une histoire qui repousse les larmes..... Pour en revenir à notre texte, Socrate qui ne pleure pas n'est pas uniquement Socrate. Socrate est une praxis occidentale, c'est la façon de vivre de l'homme occidental Depuis le début : l'œil théoricien : La république, c'est lui, le connais-toi toi-même, c'est lui, la question de La dignité ou L'indignité anthropologique De l'homosexualité, C'est lui. Depuis Socrate, Il y a une religion de l'intelligible. Le discours rationnel du savoir Exige que mon œil reste impassible, Qu'il ne pleure pas, Qu'il regarde La mort des autres à partir De l'immortalité de l'intelligible....On doit se soucier d'autrui avec des catégories qui sont soumises à ce que la raison peut maîtriser... L'obsession de la maîtrise des pleurs est métaphysique.... (J'ai choisi Les larmes comme forme d'empathie....) Levinas Interprète Platon: Et vint un philosophe qui n'avait pas peur des larmes : Dans un texte tiré d'un cours « la mort le temps » 1975 Levinas À partir de ce même texte du Phédon, est hanté par l'idée que Platon va plus loin que son personnage Socrate Dans notre texte....Ce que Socrate a manqué, Platon L'aurait vu, Il aurait vu que l'on ne peut pas réduire L'émotion de la mort d'autrui.. Rappelons-nous Heidegger : Toute l'émotion Se réduit à l'affrontement avec le néant dans l'angoisse « L'irréductibilité de l'émotionnel se montre même dans l' effort socratique du Phédon, dialogue qui tend à reconnaître dans la mort la splendeur même de l'être ( mort = être dépouillé de tout voile, être tel qu'il se promet au philosophe et qui n'éclate dans sa divinité qu'avec la fin de la corporéité). Même là, l'approche de Socrate mourant ne perd pas sa résonance affective, alors que la reconnaissance, dans le mourir, de cette annonce de l'être( Socrate sera enfin visible dans la mort) (Alors que le fait de mourir) se veut discours rationnel du savoir, théorie. C'est toute l'intention du Phédon : La théorie plus forte que l'angoisse de la mort. Mais il y a dans ce dialogue même l'excès de l'émotion : Apollodore pleure plus que les autres, il pleure au-delà de la mesure - et l'on doit chasser les femmes. quel est le sens de cette affectivité et de ces larmes ? »E. Levinas. Dieu, la mort et le temps. 1993. p. 27 Selon Levinas, Socrate cherche à réduire le caractère émotionnel de la mort en reconnaissant que Mourir, c'est voir le tout et s'intégrer à lui et Ainsi enlever son pouvoir Tragique à la mort ( 77e-78c) « C'est toute l'intention du Phédon : la théorie plus forte que l'angoisse de la mort » . Voir le tout ? Qui voit le tout ?Une certaine étymologie grecque nous donne Théorie : « Theion orao »Voir Dieu, vision de Dieu....La théorie c'est la foi en le tout. Mais il y a les autres pour qui le lendemain sans Socrate n'a aucun sens et Qui sont dans les pleurs... Platon ne traite pas Uniquement de Socrate, « Le seul à être Parfaitement heureux » Comme dit Levinas, mais Il choisit de traiter de ceux qui perdent Socrate et qui entendent la vulnérabilité du mourant, la honte de lui survivre, et égoïstement l'anticipation du lendemain duquel la parole du maître s'absente déjà. « Ce n'est pas sur lui mais sur mon propre sort que je pleurais... » dit Phédon au moment où Socrate boit son poison117c. : « Quel est le sens de cette affectivité et de ces larmes ? » Se demande Levinas ? Les larmes ont-elles un sens ? Et si ce qui déborde l'ego avec les larmes n'est pas l'ego ? Et si les larmes ouvraient à une altérité ? Et si même lorsqu'elles sont des larmes sur moi, Moment Où j'ai honte comme Phédon de penser à moi parce que c'est l'autre qui meurt, et si Ces larmes étaient encore ouvertes à une altérité ? quelque chose hante la théorie, peut-être laisse-t-on une place à l'empathie ? De plus, Levinas constate qu'à la mort de Socrate : « un personnage manque : Platon.... » Où était-il ? Peut-être Ne pouvait-il venir ?Peut-être n'était-il pas Dénué d'empathie ?Peut-être que le traumatisme était trop grand Pour lui ? Dans cette voie Des larmes, il faut passer à un sens de l'humanité qui ne se réduit pas Aux capacités intellectuelles, à la raison, à sa capacité de connaître. Les larmes seraient le résultat d'une visée adéquate si la vérité de la raison Se fondait sur une alliance à autrui Qui la précède.... (Levinas : L'humanité ne serait pas la capacité de connaître, mais le souci de l'autre) C'est tout le travail de Levinas : Celui qui aboutira à penser que Le psychisme ne commence pas dans un sujet Mais dans une façon d'Être tourné vers l'autre. Nous l'aborderons à travers deux ouvrages. Dans « totalité et infini », Derrière L'œil impassible et Théorique, Derrière L’âme soumise aux idées, Levinas décrit le Récit d'un sujet hospitalier :D'abord c'est un ego enfermé en lui-même et dont l'intériorité se déploie En jouissant de l'existence et possédant Le monde, Mais Face au visage il est dérouté ...Il a honte De La vulnérabilité qu'il rencontre lorsqu'il voit le visage....Dès lors voir le visage, C'est En même temps une Détresse : le dénuement Et un enseignement : le maitre... Le maitre me dévoile la détresse... Hauteur et misère...le Visage se présente depuis le début Dans La résistance à une tentation du meurtre, j'entends « Tu ne tueras point » Comme si l'alternative face au visage était Soit parler soit tuer.... Je vois le pauvre... Peut-être suis-je tenté de Le tuer ? Mon humanité m'en empêche...J'ai honte... Le Visage est langage.... Je réponds à cet appel de détresse d'abord Par l'objectivité du langage....L'objectivité est justice De réparation... Le langage se profile dans une responsabilité, Il s'annonce dans la peur de commettre un meurtre. J'ai la responsabilité de l'autre, de l'inégalité dont il est La Trace...Cette responsabilité est la mienne Sans aucune proportion recherchée, Je n'attends rien de lui. J'ai la responsabilité de sa responsabilité. Ce qui est décrit est le mouvement d'un moi séparé Qui entend la hauteur de L'autre, l’enseignant qui m'indique le pauvre, sans se soucier de savoir si l'autre est capable de réciprocité. Mais le pauvre peut être ignorant que doit revenir à connaissance. Le moi entend la convocation du pauvre, de l'orphelin, la Veuve, et pourquoi pas le malade.... Le malade est-il visage??? L'être face à la mort Nous l'avons dit : Pour Levinas Parler de la mort c'est parler de la peur du meurtre... Mais peut-être aussi de la mort de l'autre ? Que dit Levinas ?Lorsqu'il s'agit de la mort, L'envisage-t-il dans une alternative entre La splendeur de l'être Comme Socrate ou comme l'Ouverture à mon propre néant comme Heidegger ? Au contraire « La solitude De la mort Se tient dans une conscience de l'hostilité Et par la même rend encore possible un appel à autrui, A son amitié et À sa médication. Le médecin est un principe a priori de la mortalité humaine » Page 260 TI (On attend la sollicitude du médecin Sur un fond d'Hostilité, Même la mort de maladie se vit comme si elle provenait d'une intention de nuire Est-ce qu'on ne retrouve pas Criton, Celui qui est chargé de la médication Dans notre texte qui est au bord des larmes et qui est chargé De donner le poison, La médication Mortelle...Lui qui avec tous les autres se sent responsable de la mort de Socrate...) Pour Levinas, la médication et l'amitié Que je dois témoigner à l'autre et Que j'entends dans le visage d'autrui, ce de quoi je ne peux me dérober Est ce par quoi je suis moi, Moi et Pas un autre...Mais je reste responsable de l'autre. Responsable comment ?Responsable de le ramener à la raison ? L'humanisme de l 'autre homme ( Voir le visage c'est être responsable et n'attendre Aucune réciprocité, Mais jusque-là, La responsabilité consiste à conduire l'autre À être commandé par la raison ???Le visage me commande d'exiger de l'autre qu'il s'identifie lui-même En étant responsable...Responsable comment??En Étant conduit par la raison...) L'autre n'est-il reconnu que par ses capacités Intellectuelles ?Même s'il est malade et ne le peut? Dans un article sur l'éthique médicale consacré à Levinas, La philosophe Corinne Morillon Se demande En le lisant si Lorsque l'on traite de visage, On peut penser aussi à ceux qui ont perdu l’identité de la personne (la mémoire, la parole, la faculté de délibérer de manière rationnelle), Par exemple le malade Alzheimer, Celui qui n'est pas obligatoirement présent à lui-même... qui a l'identité d’un être qui ne se définit plus par son histoire de vie, qui n'a pas le même présent . Si le malade ou le mourant dans sa solitude attend le médecin, on pourrait croire que c'est le visage, mais il persiste encore dans ce visage l'exigence de la réponse comme être raisonnable...Il faut alors Chercher un changement dans l'Œuvre de Levinas, car Pour l'instant voir le visage, c'est voir celui qu'Il faut ramener à la Responsabilité Sous L'Égide de la raison. Ce n'est pas suffisant... D'un livre à l'autre : N'oublions pas Que dans « totalité et infini »...Voir le visage c'est entendre : tu ne tueras point.... J'entends le visage Lorsque j'entends la résistance au meurtre qui n'est pas matérielle mais éthique. C'est peut-être une impossibilité de la tentation ou de la tentative De tuer, Mais il est question de surmonter une violence... Que devient le visage d'autrui dans « Autrement qu'Être » ? Levinas dit alors :« Le visage s'alourdit d'une peau ». On ne traite plus De résistance éthique, Sur fond de violence ou d'hostilité, Mais d'obsession.... Le visage est approché « Dans l'obsession de cette Nudité et De cette pauvreté, De ce retrait ou de ce mourir »Page 143... Le visage n'est plus la confrontation à Un Être Que mon égoïsme Me cache et Qui exige un Dépassement de ma violence et de ma spontanéité,, Une parole qui remplace une violence, Par un langage commun Mais il est L'obsession « d'une nudité, une peau à rides, un Retrait, un mourir... » La Vulnérabilité Dans Autrement qu'être, Le langage Pour dire le visage devient celui de la vulnérabilité.... Désormais, Si l'on pense par exemple à un autrui, il ne se caractérise pas comme personne par la raison... Il faut alors passer à un sens de l'humanité où la personne Ne se réduit pas aux capacités intellectuelles....où L'autre peut ne pas être présent à lui-même, Et même Ne pas me reconnaître, La pensée de Levinas Dessine une nouvelle sensibilité qui ne commence pas dans l'œil impassible dénué d'empathie du sujet de la connaissance ou du sujet soucieux de sa mort, Craignant pour sa propre mort. Ce qui pourrait retentir sur une éthique médicale, Pour Levinas Ma sensibilité Ne commence plus dans un ego mais est décrite comme un événement de « L'un pour l'autre ». Ma corporéité a un sens Qui commence avant moi, Avant mon présent. Par mon humanité, Je suis noué aux autres avant d'être noué à mon corps... Cela peut avoir des conséquence dans le rapport à autrui Du soignant. Je cite Corinne Morillon : « Les soignants, qui se soucient du bien-être et de la qualité́ de vie présente de l’individu dont ils ont la charge, doivent donc se hisser à une compréhension de l’humanité́ qui dépasse la manière dont, la plupart du temps, nous nous présentons les uns aux autres ». Corine Morillon Approche la vulnérabilité de Levinas comme une mise en question D'une philosophie qui place la sensibilité En dessous de la raison. Par sa remise en question De La conception Occidentale De l'homme Comme animal rationnel, la sensibilité Envisagée comme Vulnérabilité Par Levinas serait plus apte à inclure Les patients, À Rejoindre L'autre dans ses émotions Même s'il est atteint de mutisme, d' enfermement, plus apte à chercher son regard et à lui parler, sans l’infantiliser, Même s'il ne répond pas avec les mêmes repères Rationnels et sociaux que tous les autres. La question du malade comme visage: Mais dans un horizon Qui conditionne peut-être l’éthique médicale, celui qu'aborde Corinne Morillon, Il faut reconnaître qu'il y a deux temps dans la pensée de Levinas, Celui qui rend le pauvre visible, Celui qui rend le malade accessible : 1/ Dans Un premier temps « totalité et infini » il n'y a pas de typologie claire du visage Avec Levinas. Il n'y a pas de forme de visage... Je peux voir Le visage dans celle que j'aime, Mais c'est plutôt Face au pauvre, à L'enseignant Que le visage s'entendait dans « totalité et infini ». Le visage renvoie à deux critères :au dénuement du pauvre Et à la hauteur de l'enseignant....Même si l'enseignement Consiste à me rendre sensible à la nudité du pauvre....Mais Que faire lorsqu'il n'y a plus de hauteur, Plus d'enseignement... Levinas dit que le visage est expression, Excès du visible mais où l'on entend Que l'autre est plus haut que moi, Il m'enseigne....Mais dans l'expression, Ce que l'on entend c'est La misère et la hauteur, la hauteur Par laquelle je vois la misère. On peut se demander alors Devant Un patient atteint d'Alzheimer, qui est désarmé, qui ne me reconnait plus, que je ne reconnais plus, qui n'est plus habité par celui que J'ai connu, un être Dans lequel la misère et la hauteur se dissocient, s'il Est encore visage ?À cela On peut déjà répondre que pour Levinas,(En tout cas dans totalité et infini ) Le visage excède le visible et que la face du visage ne lui vient pas non plus de la personne qui habite derrière ce visage, Son apparaître n'est pas la fenêtre d'une personne qui est derrière...Le visage c'est le pauvre, La veuve l'orphelin, l' étranger, Le premier venu. Ces catégories se réfèrent au dénuement....Peut-être donc aussi au malade ?Même s'il n'a pas la Hauteur De l'enseignement Et Qu'il n'est plus que Détresse Du dénuement. Ce n'est pas explicite dans Totalité et infini. Dans l' exemple de Alzheimer on pourrait même réintroduire la tentation de meurtre, Étant donné la difficulté de voir une personne Que j'ai connu si expressive Lorsqu'elle est désormais dans son inexpressivité....Même si cette personne n'est plus qu'un fonctionnement biologique, On pourrait peut-être dire qu'elle est alors visage qui s’enlève sut la tentation de meurtre... C'est Dans Autrement qu'être Dans un deuxième temps que Levinas, Pour redéfinir le visage, insiste davantage sur la subjectivité qui est d'emblée substitution....l'un pour l'autre... Le visage conduit à une obsession.... La substitution ne signifie pas Que je me mets à la place de l'autre, que je disparais, Mais que le moi est désormais défini par la responsabilité pour autrui . Le visage est le dénuement ou la pauvreté qui m'appelle et m'ordonne, obsession « d'une nudité, une peau à rides, un Retrait, un mourir... ». Dans ce sens il n'est pas l'apparaître de quelqu'un qui serait cachée derrière Et qui Pour moi Se refuse ou s'absente....et que je pourrais être tenté de tuer, Ce qui serait le cas de l'être aimé que je ne retrouve Plus...En quoi est-il visage désormais ? Le visage pourrait donc Alors concerner le dénuement De celui qui m'a fait face comme être aimé ou enseignant Et qui est désormais dans une inexpressivité, Il serait alors visage dans la mesure où il me demande de prendre soin de lui....C'est cette voie qui ne s'annonce pas avec Socrate Le retour du vertige Il reste cependant que dans la pensée de Levinas, Il y a un retour du vertige face au visage Dans le paragraphe trois du chapitre IV de « autrement... ». Celui-ci est incontournable... Faisons le nouveau récit :Je suis un sujet Irréductible, Incomparable Dans la responsabilité pour autrui, Dans l'obsession De la nudité et de la pauvreté du visage... Je suis un sujet unique Par ma dette à l'égard d'autrui, Par la possibilité de me vider pour l'autre, « Hémorragie pour autrui » Comme si le sujet N'avait pas d'arrêt Possible À son épuisement, Dans une obsession non réciproque... Comme dit Catherine Morillon, Les situations cliniques me dévoilent Des patients qui peuvent Être dans l'enfermement, Atteints de mutisme, Et que dans le contexte de la vulnérabilité On peut rejoindre par des gestes, auxquels on peut savoir répondre, En touchant le malade, en cherchant son regard et en lui parlant, sans l’infantiliser, on a alors une façon de rassurer un être qui a perdu la plupart de ses repères et On peut l’inviter à se reconnecter à ses émotions, sans exiger de lui qu'il soit rationnel. Sans Adapter Sa philosophie a une Éthique médicale, dans Le contexte du visage comme vulnérabilité, Levinas permet d'Accueillir l'autre comme celui qui ne peut pas se défendre, qui ne peut se tourner vers la loi, celui qui n'est pas dans un projet commun avec nous, qui ne fait pas société... Mais Levinas (sans penser à un risque d'épuisement De ceux qui accompagnent les malades) Détermine un moment D'arrêt où l'hémorragie du pour l'autre doit s'arrêter , les visages doivent être dévisagés... Pourquoi ? De Cette description dans un langage éthique Au bord de la sainteté, Il faut faire retour... De cette vulnérabilité qui a fait entendre La dignité de l'autre En débordant Toute raison Face à celui qui ne peut répondre, Il faut revenir. Il faut face à cette folie du psychisme, Hémorragie de soi-même vers l'autre, qui nous a permis de comprendre que les larmes Ont une visée adéquate, celles Que Socrate ne pouvait voir, Aveuglé par la splendeur théorique ….. de ce vertige, Il faut revenir Car Selon Levinas la dette est Illimitée. Quelle dette ? La Philosophie de Levinas n'est pas un délire de responsabilité...Elle décrit le fond De la subjectivité qui vient rompre un ego enfermé en lui-même, dans le souci de sa mort, Emmuré dans les pouvoirs de sa raison, Tout ce qui L'a conduit être dénué d'empathie... Mais Il faut revenir de la dette. Si le visage doit être dévisagé, S'il faut arrêter l'hémorragie pour l'autre, C'est parce qu'à coté d'un visage, Il y a d'autres visages :La question est : Que faire Des autres que l'autre ?C'est parce que derrière la charité, la compassion, La nudité, la justice à l'égard des tiers s'impose? « Dans le visage de l'autre tous les autres m'obsèdent, Et déjà l'obsession crie justice, Réclame mesure et savoir, est conscience »Page 246 Ainsi il faut corriger la hauteur de l'autre par rapport à moi, Et pour cela il faut réintroduire La raison, la philosophie, Le savoir. Il faut avoir La possibilité de comparer L'un À l'autre.... Il faut arrêter la substitution, horizon à partir duquel il y a empathie....Mais c'est encore par souci pour autrui qu'il faut arrêter La générosité de la substitution....Après la substitution de charité à autrui, On se trouve face au tiers, Devant le tiers il faut être juste... La politique On ne commence pas une politique de l'autre À partir d'un sujet enfermé en lui-même Qui rentre en contrat calculé avec les autres...On ne commence pas à penser le social En bridant les pulsions ou l'agressivité des egos, dans le principe animal Qui gouverne les hommes les uns envers les autres :« l'homme est un loup pour L'homme ». Mouvement qui permettrait aux egos, Conscients de leur principe animal d'être ensemble Grâce à un souverain qui les protège. Pour Thomas Hobbes la politique vient protéger l'homme contre Lui-même. Avec Levinas, On commence à l'envers... On Cherche à réduire la disproportion que peut amener Le passage infini de Miséricorde en nous face au visage.... Le commencement n'est pas un ego Qui a peur pour ses pouvoirs et Peur pour sa mort. Le commencement, c'est La vulnérabilité de celui Qui n'est un moi que Parce qu'il est obsédé par la nudité Et la pauvreté de l'autre, Qui est atteint par le vieillissement, la maladie et la mort qui passent dans le visage. C' est le nouveau commencement, et Le tiers met un terme à cette dette infinie....Pourquoi ? Parce que La bousculade de toute l'humanité Derrière le visage d'autrui Exige une justice, Et donc la mesure... Mais Il faut plus que ce tiers Pour limiter la dette... Il y a « la grâce de Dieu », Terme qui pourrait sembler Faire intrusion dans ce développement Si l'on ne l'accompagne pas de Sa manifestation : « C'est grâce à Dieu seulement que sujet incomparable à Autrui. Je suis abordé en autre comme des autres c'est-à-dire pour moi »Page 247 Tout à coup mon sort importe lui aussi, mais mon sort Dans le prolongement des tiers. Je peux figurer, je ne suis plus un sujet incomparable dont le sort importe peu, Je suis moi même un tiers, un membre de société....Mais il a fallu Dieu....Comme si seul un miracle Pouvait permettre à mon ego d'Être considéré comme un autre, une Grâce... Peut-être que les soignants dans leur épuisement À se substituer à autrui, À se mettre à la place de l'autre, Du patient, Dans la peau des autres, Se reconnaîtront Dans l'attente de ce miracle.... Le moi Reste emmuré dans son monde, possédé par lui-même et il Aborde l'extériorité comme s'il était seul. L'obstination des philosophes et de donner une définition de l'homme comme être rationnel. (Cette approche se fait en deux temps, Deux temps, deux livres Qui pourraient sembler contradictoire : D'abord le visage d'autrui se présente comme conscience morale :J'entends : tu ne tueras point...Son visage exprime mon impossibilité de l'anéantir, Mais l'interdiction se loge dans Cette possibilité même....Ce qui ne veut pas forcément dire qu'il y a tentation de tuer....L'infini du visage Se concrétise dans l'impossibilité de tuer....Un être en appelle à moi De sa hauteur....Il n'y a aucun rayonnement comme une splendeur, mais Le visage ouvre le discours....Voir le visage c'est voir le pauvre, C'est être responsable de sa responsabilité, Passer Alors par le discours objectif, Car « devant la faim des hommes, la Responsabilité ne se mesure qu'objectivement »Page 220...Il y a un discours Éthique Qui Préexiste derrière le discours rationnel.... Deux problèmes se posent en cette approche..... Le visage se présente dans cet ouvrage comme détresse, misère Et enseignement? Voir le visage c'est être responsable de sa responsabilité.... ce qui veut dire voir l'inégalité Qui atteint celui Qui est face à moi, Comme un tiers....Voir L'inégalité Qui atteint le pauvre, L'absence de lumière qui atteint l'ignorant Et se sentir responsable De cette misère, C'est-à-dire être chargé de le conduire à sa responsabilité, De le conduire à reconnaître l'objectivité Des choses...C'est voir le visage.... Mais qu'en est-il De ceux qui ont perdu l’identité́ de la personne (la mémoire, la parole, la faculté́ de délibérer de manière rationnelle), Par exemple le malade Alzheimer, Celui qui n'est pas obligatoirement présent à lui-même... Il a l'identité́ d’un être qui ne se définit plus par son histoire de vie, On n'a pas le même présent Voir le visage ne peut plus Consister désormais à Le mettre en question Afin de le ramener à des capacités qui lui permettent également de voir le visage D'autrui, Ou à exiger de lui qu'il rejoigne des capacités intellectuelles....) (Spinoza : Le conatus, Concept de la force d'exister De chaque être Pour Spinoza se présente avec L'homme comme un cheminement pour favoriser autant que possible la joie par rapport à la tristesse, ce notamment au moyen d'une compréhension rationnelle de soi des autres Et Du monde :Quelle est alors la place de l'empathie ? Je cite« La compassion…est une tristesse; par suite, elle est mauvaise par elle-même. Pour le bien qui en suit... délivrer de sa misère celui pour qui nous avons de la commisération… nous désirons le faire par le seul commandement de la raison…; et Seulement par lui or nous Nous ne savons pas avec certitude que c'est bon ; la commisération est donc mauvaise en elle-même, et inutile, dans un homme qui vit sous le commandement de la raison… » Pour Emmanuel Kant, Une personne suscite le respect Parce qu'à partir de sa raison elle a réussi à soumettre ses pulsions, Sa sensibilité, Ses émotions. Avec Kant je respecte la raison. Je respecte celui qui est capable de distinguer le vrai du faux, Le bien du mal. Je respecte celui qui est respectable Comme individu par sa connaissance Du bien . La volonté est en conformité avec la loi, Pas avec les sentiments Je suis lié Aux autres Par l' obligation morale du devoir . Schopenhauer fait exception, il Va écrire « le monde comme volonté et représentation » En s'opposant à La volonté individuelle soumise à la raison de Kant. Schopenhauer n'accorde aucune importance aux individus, les existences individuelles seront considérées par Schopenhauer comme un mirage cachant un "vide" absolu. Les Individus se reconnaissent comme illusoires, Leur seule réalité peut être trouvée dans la pitié. Par la pitié ils rejoignent une volonté, un vouloir vivre qui dépasse les individus, Mais c'est un vouloir vivre du monde. L'intellect, la représentation est soumise à une Force, une volonté du monde, Ce n'est pas la pensée qui nous donne la liberté, Mais la pitié Cependant celle-ci est un vouloir vivre du monde....Nous n'en sommes pas la source. Même lorsque l'on parle de pitié, Cela ne concerne pas les individus C'est le monde comme volonté.... Frédéric Nietzsche Réagira contre cette désindividualisation de la volonté Dans le vouloir vivre du monde.... La compassion Selon lui est un ressentiment contre La force De l'individu, Il n'y a pas de volonté mais des volontés Et la pitié redevient une dégénérescence une déperdition de la force De la puissance De la volonté....Les autres n'ont pas de place dans l'économie De la volonté) La seule joie acceptée est celle qui vient de La compréhension avec Spinoza.... Même la pitié est une volonté théorique du monde Avec Schopenhauer Il y a comme un refus de l'intelligence des larmes ratifié Par la philosophie.... Husserl et Heidegger Lorsque Heidegger Réintroduit derrière le clavier indifférencié de la description neutre que l'on appelle phénoménologique, Ce qu'il appelle Les existentiaux, Il Fait apparaître l'affectivité Comme l'origine véritable du sens de la temporalité, En abandonnant la primauté du théorique, Mais c'est pour dire que le rapport émotionnel se produit, s'effectue, se concrétise dans l'angoisse De ma fin, dans l'affrontement avec le néant. Il pense bien à autrui, Envers qu'il faut être Pleins d’égards, Mais celui-ci devient vite Un obstacle à l'authenticité. Notre être S' aventure dans son pouvoir être le plus propre Dans sa possibilité de lui-même d'être authentique, Par l'angoisse de sa propre mort, Notre être le plus concret et dans l'être pour la mort, Notre temporalité prend sens Comme l'intervalle qui se réduit pour moi Face au néant, Bien sûr il y a une émotion Pour les autres mais la priorité, Là où la temporalité se définit ,C'est La mort qui est mienne, Personne d'autre ne meurt ma mort...Je suis ouvert au monde comme être à la mort, Je suis celui qui sait sa mort, C’est ma possibilité la plus propre, Celle ou s' expérimente mon irréductibilité, Celle par laquelle il y a un avenir à être ou ne pas être Qui me concerne. Même si Phédon Colporte encore Un discours De la mauvaise conscience... Mauvaise conscience de celui qui pleure pour lui alors que c'est l'autre qui meurt....Nous sommes déjà dans le débordement de L'ego... Phédon a honte de penser au lendemain sans son maître alors que ce n'est pas lui mais Socrate qui meurt.. De l'autre côté, Que fait-on des autres avec Platon Et Heidegger Lorsqu'il s'agit de la mort? Socrate Meurt dans la splendeur de l'être, il rejoint le bonheur d'un achèvement Dans une harmonie comme discours, comme L'accomplissement d'une providence. Avec Heidegger, Personne ne peut mourir ma propre mort, La seule place accordée à l'émotion est L'angoisse De ma propre fin, Ma confrontation au néant, Pour laquelle je suis seul À pouvoir répondre, C'est la responsabilité de ce que j'ai à faire en propre.... On ne décrit pas la sainteté du sujet, Mais ce dans quoi s'inscrit Le psychisme Comme alliance qui précède la raison, Alliance Qui retentit de telle sorte qu'en elle s'entend L'Humanité....Ceci n'est pas décrété Mais Décrit par un langage éthique.... Désormais le souci d'autrui N'est plus entendu avec les Facultés qui correspondent à celles qui habituellement caractérisent une personne...Par exemple je respecte une personne Parce qu'elle est elle-même Respectable, On ne se demande pas D'abord si L'autre personne soumet ses pulsions à une raison....Comme si le respect exigeait Un engagement préalable De chacun. L' approche De Levinas au contraire va permettre d'étendre (Dans totalité et infini, Levinas parle Déjà d'une Non réciprocité De mon orientation Vers l'autre...Cela décrit Le mouvement d'un être séparé qui peut être fermé à l'autre Mais qui aussi peut l'accueillir dans toutes les ressources de son égoïsme, Par le secours et le don de soi....C'est dans Le fait de ne pouvoir se dérober à cette assignation que s' identifie Le moi Dans l'attente d'aucune réciprocité, Mais dans l'attestation du moi,) (Il faut déjà abandonner ce récit d'une Subjectivité comme hospitalité Qui peut accueillir autrui, Le récit d'Un ego dont la sensibilité se déploie jusqu'à Se définir par son indérobabilité À l'appel de l'autre. Abandonner la déroute du moi face au visage et Le commandement que je reçois de sa responsabilité) (Si je suis de de Chair et de sang, Incarné, Un homme qui a faim et qui mange, C'est pour être susceptible de donner le pain de ma bouche...Tout cela remet mon autonomie en question, Tout cela est indépendant de l'Exigence de savoir Ou d'une universalité De la raison pour entrer Dans l'humanité....) (Tout cela Était présenté comme un récit dans Totalité et infini, Mais dans autrement qu'Être, La sensibilité est l'événement De l'un pour l'autre, Il n'y a plus d'accueil, il n'y a pas plus Hospitalité, il n'y a plus de choix Pour l'ego d'être fermé ou ouvert... L'affectivité est une passivité pour autrui qui précède ma volonté « Et cela de par la corporéité humaine vivante En tant que possibilité de la douleur En tant que sensibilité qui est de soi, La susceptibilité d'avoir mal En tant que soi découvert, s'offrant, souffrant dans sa peau en tant que dans sa peau, mal dans sa peau, n'ayant pas sa peau à soi, en tant que vulnérabilité »p. 68 Ce qui était Le récit d'une intériorité qui Peut s'ouvrir à autrui En voyant son visage devient une obsession où Il n'y a plus que moi...Un moi noué À l'autre, « dont la subjectivité consiste à aller à l'autre sans se soucier de son mouvement vers moi »134....) (La subjectivité obsédée par autrui jusqu'à la substitution n'est pas la pitié, la compassion Ou la charité, mais c'est ce sans quoi il n'y aurait pas De compassion ni de pitié dans le monde) (Heidegger De son côté expérimente Sa responsabilité Individuelle dans sa mort, Il s'approprie de lui-même dans sa propre mort....Socrate vise la splendeur de l'Être... ) (Nous ne sommes plus dans les même repères De connexion à autrui....On ne suppose plus la définition de l’homme comme être rationnel , c’est-à-dire de l’humanisme traditionnel, qui Est capable de répondre Rationnellement Seulement à des individus Capables de se soumettre à la raison Ou même comme un être qui a partir de son ego peut s'ouvrir à autrui ou non....), (Si on ne l'entendait plus dans le sens De « Tu ne tueras point »Dans Autrement qu'être, On peut même entendre À nouveau le visage comme résistance au meurtre, cet infini plus fort que le meurtre dans le « tu ne tueras point » Que j'entends Alors que je suis tenté de le détruire. Pourquoi ? Parce que, par exemple, C'est une Dans cet exemple on pouvait même réintroduire la tentation de meurtre, difficulté de voir cette personne Que J'ai connu si expressive Lorsqu'elle est désormais dans son inexpressivité....Même si cette personne n'est plus qu'un fonctionnement biologique, On pourrait peut-être dire qu'elle est visage...) Les grecs ne refusent pourtant pas Toute question, Ils acceptent le savoir scientifique Avec Thalès Mais on veut que Le savoir soit Calé dans un système. Or Socrate confronte la communauté à ses contradictions, Pouvait-il renoncer À cet examen pour sauver sa vie ? Non parce qu'une vie sans examen n'est pas digne D'être vécue. Par ailleurs ) (C'est une approche qui demeure théorique Mais Elle éloigne déjà d'une mythologie de la transparence À laquelle on pourrait venir en projetant Sa propre expérience sur autrui... Il est important de ne pas croire à la transparence Dans une expérience d'autrui mais À l'opposé de cela) (Socrate désire l'œil impassible ; Les larmes pour lui ne sont qu'une fausse note Peut-être parce que par l'Histoire de la philosophie nous Restons Des âmes Enfermées en Elles-mêmes uniquement ouvertes par la raison. à la Différence de Socrate, la mort est dite par Platon Avec les pleurs... Cela ne dit pas que la philosophie S'ouvre aux pleurs) Avec Levinas, la dignité anthropologique du sujet Comme personne s'Étend à autre chose qu'un sujet En face de moi qui serait Responsable De lui-même par sa raison...le souci d'autrui N'est plus entendu avec les Facultés qui correspondent à celles qui habituellement caractérisent une personne...Ils n'est plus question de respecter une personne Parce qu'elle est elle-même Respectable, Comme avec Kant Parce qu'elle soumet ses pulsions... C'est un mouvement du moi vers l'autre , l'Orientation unique et inévitable est à partir de soi, Bien plus, par leurs gestes, ils témoignent que derrière un patient atteint de mutisme, par exemple, il y a quelqu’un qui sait répondre, à sa manière, à l’attention qu’on lui porte, par la détente ou l’enfermement. Le fait de toucher le malade, ne sont pas seulement une façon de rassurer un être qui a perdu la plupart de ses repères et de l’inviter à se reconnecter à ses émotions » (Aucune Rationalité même métaphysique intelligible ne peut contenir cet excès. L'émotion, Pour ses proches ne peut être apaisée par aucune finitude rassurante parce qu'elle promettrait de rejoindre le tout, il n'y a pour eux de transcendance que dans les larmes. Platon nous Oriente dans ce texte Ailleurs que Socrate, vers autre chose que l'œil impassible De celui qui veut mourir en gardant Le ton juste Du discours adapté à la bonne augure Dans l'esprit du discours théorique). (Par ailleurs la mort est approchée Comme si elle venait de l'intention de nuire, De l'hostilité d'autrui et qu'elle attendait La médication, La sollicitude, le soin....Cependant Levinas dit « autrui est désiré dans ma Honte » Comme si je revenais par la honte d'une supposée tentation de lui faire du mal....)
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